Pendant longtemps, des réflexions ont été approfondies avec différents partenaires afin de confirmer l’évidence de l’importance de la migration transatlantique des tortues marines c’est-à-dire entre les côtes Atlantique Africaines et celles Américaines. Les actions de Nature Tropicale ONG ont fortement apporté une contribution certaine à cette recherche internationale ces dernières années.
Pour preuve, le 6 novembre 2004, une Luth, Dermochelys coriacea (Vandelli, 1761) est montée pondre sur la plage de Donatein (06°21’09 N / 02°27’21E) au Bénin, dans le Golfe de Guinée (Afrique Occidentale). Perturbée par la présence humaine, elle n’a pas pondu. Les Ecogardes de la région formés par Nature Tropicale ONG ont réussi à épargné cette tortue du massacre et ont pu la marquer avec une bague Monel numéro BJ 0124 avec l’adresse Musée SCI Naturelles 06 BP 1015 PK3 COTONOU BENIN. Elle a été capturée accidentellement par un chalutier participant au Programme de collecte de données à bord (PROMACODA) le 21/12/2009 au large de Rio de la Plata (35°30′ / 55°58′ – 56°09′), en Uruguay. Une autre tortue Luth non baguée a également été capturée. Malheureusement, les deux tortues ainsi capturées ont été noyées et sont mortes. Une grande découverte, une importante preuve de la grande migration des tortues marines de l’Atlantique entre les côtes Africaines et celles Américaines.
Les grands déplacements migratoires des tortues Luths adultes femelles de leurs sites de ponte ouest-africains commencent à être mieux connus et mis en évidence. A ce jour, nous n’avons de données que sur une seule femelle ayant nidifié dans l’aire majeure de ponte de l’espèce au Gabon et revue à l’extrême sud dans l’Atlantique est. Il s’agit d’une Luth ayant pondu sur la Pointe Pongara et qui a été capturée au Sud du village de De Beers Namaqualand Mines (29°42’S / 17°03’E), sur la côte Ouest de l’Afrique du Sud (Fretey et al. 2007). Une Luth équipée d’un émetteur Argos (Witt et al., 2010) se dirigeait également vers le Sud à contre-courant du Benguela après avoir pondu sur les côtes gabonaises.
Les autres longs trajets des Luths identifiées par bagues Monel ou suivies par émetteurs Argos sont des déplacements transatlantiques d’Est en Ouest du Gabon vers l’Amérique du Sud. Cinq Luths baguées sur des plages gabonaises ont été observées de nouveau dans les eaux de l’Argentine et du Brésil (Billes et al., 2006) : San Clemente del Tuyú, Buenos Aires Province, Argentine (36º37’S / 56º65’W); San Clemente de Tuyu, Argentine ; Brésil (31°22’S / 49°53W); Itacuruça, Etat de Rio de Janeiro, Brésil (23°02’S / 43°93’W); Ilhabela Is., Etat de São Paulo, Brésil (23°82S / 45°38W).
Une étude de suivi satellitaire WWF-CMS à partir du Gabon et de l’Uruguay a montré un chevauchement des routes migratoires Ouest/Est et Est/Ouest. On peut supposer alors que les Luths nidifiant au Bénin rejoignent cette route, ce qui explique la découverte de BJ 0124 au large de Rio de la Plata.
Il reste alors posé le problème de l’inefficacité de la Convention de Bonn (CMS), du Mémorandum d’Accord sur les Mesures de Protection des Tortues marines de l’Atlantique et qui sont sans effet sur le terrain malgré leur ratification par de nombreux Etats côtiers.