Depuis le 05 juillet 2025, il est signalé par les riverains de la corniche Est de Cotonou, au niveau de l’embouchure, la présence d’un lamantin d’Afrique adulte qui a élu domicile à cet endroit proche de l’hôtel du Lac. Il s’agit d’un spécimen d’environ 2 mètres de long qui aurait suivi le mouvement de la crue de 2025 du fleuve Ouémé coulant vers la mer par le chenal de Cotonou.

Comme par le passé, ce spécimen risque de se faire massacrer les jours à venir par les pêcheurs en exercice au niveau de l’embouchure ou par les nombreux engins en cours des travaux dans la zone pour les aménagements divers en mer côtière aux environs du Port Autonome de Cotonou (PAC) et de l’Aire Marine Protégée de Donaten à Cotonou.
Il est à rappeler que le 1er Juin 2024, un lamantin d’Afrique a été retrouvé mort dans le bassin portuaire de Cotonou après le cas du dimanche 24 Août 2015, où un beau mâle adulte de plus de 250 kg a été fatalement tranché, tué, sectionné en trois parties et rejeté par les hélices d’une pilotine (bateau d’escorte) dans l’enceinte du bassin principal du Port Autonome de Cotonou.
Les raisons de cas de tueries du lamantin sont entre autres, le défaut de système d’alertes en temps réel, le manque du professionnalisme des acteurs impliqués dans la gestion de ces cas, le manque de transparence et le refus délibéré de certaines entreprises d’assumer leurs responsabilités dans le cadre de la mise en œuvre des grands travaux sur le littoral et en mer côtière qui impactent la vie de ces ressources marines et côtières.
Il est à faire remarquer que le Port Autonome de Cotonou (PAC) a l’obligation de suivre des NORMES DE PERFORMANCE EN MATIÈRE DE DURABILITÉ ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE. A cet effet, il doit faire le suivi et la sauvegarde des espèces migratrices marines pour satisfaire aux standards de performances de l’IFC (International Finance Cooperation – World Bank Group) et du SGSSS dans le cadre du programme de modernisation en cours de mise en œuvre depuis plus de deux années déjà.
Le Ministère du Cadre de Vie et des Transport en charge du Développement Durable (MCVT) doit prendre ses responsabilités le plus rapidement que possible en vue de ne pas permettre le massacre une fois encore de ce spécimen de lamantin d’Afrique qui risque de se retrouver sur les chantiers en cours dans les environs de l’embouchure et se faire massacrer. Des actions urgentes sont bien nécessaires.
La République du Bénin a ratifié de nombreuses conventions internationales des Nations Unies qui l’obligent à la protection des espèces migratrices dont le lamantin d’Afrique. Il s’agit entre autres de la CDB ; la CMS, la CITES ; la Convention RAMSAR et le Mémorandum d’Accord sur la conservation des lamantins et des petits cétacés d’Afrique occidentale et de Macaronésie…
Nature Tropicale ONG et ses Ecogardes, des bénévoles actifs sur l’accompagnement du pays pour la sauvegarde de ces espèces menacées, mettent à témoin tout le peuple du Bénin de ces actions qui peinent à convaincre les parties prenantes à prendre leurs responsabilités.
Nature Tropicale ONG
www.naturetropicale.org

Encadré:
Le lamantin d’Afrique, (Trichechus senegalensis) est une espèce intégralement protégée à l’échelle internationale. Elle est présente au Bénin dans toutes les Vallée du Bénin (Niger, Mono et Ouémé) et vit habituellement dans les eaux douces. C’est une espèce migratrice. Pendant plus de deux décennies, le lamantin d’Afrique n’est plus cité dans le Lac Nokoué et le Chenal de Cotonou.
Le lamantin d’Afrique est un membre de la famille des Trichechidae, qui appartient à l’ordre des siréniens (ou vaches marines). Les lamantins et les dugongs sont de grands mammifères aquatiques et herbivores. On trouve les lamantins dans les eaux côtières et dans les eaux intérieures des deux côtés de l’océan Atlantique ; le dugong étant plus strictement marin, on le trouve dans les eaux côtières de la partie occidentale de l’océan Indien aux eaux du Pacifique en Asie et en Australie.
Les lamantins et le dugong sont classés comme vulnérables dans la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN, à l’Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces en danger de la faune et de la flore sauvages (CITES) et de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS).
Le lamantin d’Afrique est le plus grand mammifère exclusivement aquatique que l’on trouve sur les côtes et dans les zones humides intérieures d’Afrique de l’Ouest entre la Mauritanie et l’Angola et à l’intérieur des terres jusqu’au Mali, Niger et Tchad. Il vit dans des habitats côtiers et dans les estuaires, dans des lagunes côtières et dans les parties basses de la plupart des systèmes fluviaux à partir du fleuve Sénégal en Mauritanie/Sénégal jusqu’au fleuve Longa en Angola. Il se trouve également dans les parties moyennes et supérieures de plusieurs fleuves de cette région, notamment les fleuves Sénégal et Niger.
Dans le fleuve Niger, il remonte loin dans les terres au Niger et au Mali jusqu’en Guinée du Nord et vers l’Est au Cameroun et au Tchad par le fleuve Bénoué.
